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« Sans espoir, on est foutu. Dans le monde dans lequel on vit, l’obscurité semble vouloir gagner. Alors je m’accroche à la lumière. » Dave Pen, chanteur et guitariste du groupe britannique Archive, est à Paris pour présenter un film dont il est le héros : Run Again. Joli pas de côté que ce documentaire signé Alban Berg, qui, non content de capter le musicien sur scène, l’a suivi dans un parcours tout à fait inattendu, la Spine Race : une course en autonomie de 431 kilomètres qui fait remonter la Grande-Bretagne en plein hiver à une bande de dingues comme lui, sous la lumière spectrale du jour et dans l’obscurité glaçante de la nuit. Engelures, manque de sommeil, hallucinations… On appelle cela l’ultra-trail, une discipline où aller au bout de soi résonne pour ses participants comme une libération.
« Les nuits d’hiver sont longues. La plus grande part de la course se passe dans l’obscurité. Alors, forcément, quand on aperçoit un peu de lumière, c’est comme… » Le longiligne Britannique aux yeux joyeux laisse la phrase en suspens pour attraper sa pinte de bière. Portrait d’une bête de scène en coureur de fond. « Dans les deux cas, ce sont nos émotions qui sortent : nos peurs, nos frustrations, notre amour, notre tristesse, nos rages… Mais les dynamiques sont opposées. Quand je chante, ces émotions s’échappent avec des mots, qui montent [il mime, son corps, sa bouche tournés vers le ciel]. Quand je cours, elles descendent, elles se déposent [cette fois, il semble tapisser le sol de sa main]. Elles vous laissent dans le silence. »
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12 commentaires
Une lumière dans l’obscurité, c’est exactement ce qu’on ressent après un concert mémorable aussi. Sympa la comparaison.
Oui, et deuxième ligne plus difficile, pas d’ergonomie, pas de soleil.
Le document est passionnant : Dave Pen a l’air aussi intense qu’après un set avec Archive. La musique et la course, même combat.
C’est sûr, avec Archive, on sait qu’il n’est pas dans la demi-mesure. Ce documentaire doit être captivant.
Increvable Dave Pen ! On dirait que son côté rockeur se transpose bien dans l’ultra-trail, lui qui connaît déjà l’intensité des performances scéniques.
C’est vrai, les deux mondes ont leurs défis extrêmes. La scène comme la montagne, ça te pousse dans tes retranchements.
Au moins, en concert, il n’y a pas le froid ni la nuit polaire, heureusement !
431 km en autonomie, en plein hiver… Ce type a vraiment quelque chose dans le crâne. Respect sur ce coup.
L’ultra-trail, c’est clairement pas une promenade. Il en faut une sacrée dose d’adrénaline et de détermination.
Surtout quand on voit les conditions décrites, entre les hallucinations et les engelures. Pas pour moi, merci.
Hallucinations en course, c’est assez flippant, non ? J’espère qu’il avait une bonne équipe avec lui.
Oui, traverser ça tout seul, ça semble vraiment hard. J’imagine qu’on est moins seul avec d’autres coureurs.