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LETTRE DE DAKAR
A des figures de la IIIe République française vont bientôt se substituer des dignitaires sénégalais. Certaines des avenues et rues les plus connues de Dakar sont en passe d’être rebaptisées, un mois et demi après un vote en catimini du conseil municipal de Dakar-Plateau, le centre historique et administratif de la capitale du Sénégal. Fini, les artères aux noms associés à la colonisation, de Jean Jaurès à Jules Ferry, de Félix Faure à Sadi Carnot. Elles s’appelleront respectivement Seydou Nourou Tall (figure maraboutique tidjane), Serigne Mountakha Mbacké (khalife général des mourides), Serigne Babacar Mansour Sy (khalife général des tidjanes) et Imam Matar Sylla (grand chef religieux).
Au total, neuf des axes parmi les plus emblématiques de Dakar vont changer de nom. Des hommes politiques français, donc, des figures militaires de l’ancien colonisateur, tel François-Henry Laperrine d’Hautpoul, et des événements liés à la France – le boulevard de la Libération devenant le boulevard Abdoulaye-Wade, du nom d’un ancien président du pays (2000-2012) – vont être biffés des plaques de rue. Ils seront exclusivement remplacés par des hommes sénégalais, pour « mieux refléter la grandeur de ceux qui ont façonné [notre] destin collectif », a justifié le maire de la commune, Alioune Ndoye.
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7 commentaires
Curieux de savoir comment les visiteurs étrangers perçoivent ce changement de toponymie, surtout ceux qui viennent de France.
Sans doute avec des sentiments partagés, entre compréhension et nostalgie peut-être.
Réduire les liens avec l’héritage colonial est équilibré, mais dommage qu’on ne voie plus les traces de cette histoire partagée.
C’est vrai, préserver la mémoire historique est important, même si elle est douloureuse.
Intéressant de voir comment Dakar réécrit son histoire à travers ses rues. Ça semble symbolique, voire plus que symbolique.
Je me demande si cela aura un impact tangible sur le quotidien des habitants ou s’il s’agit surtout d’un geste politique.
Oui, une manière de réaffirmer l’identité sénégalaise, même si les anciens noms étaient ancrés.